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Chapitre 1 - Dans la chambre d'un serviteur

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Il faisait sombre dans la pièce. Le soleil venait à peine de se lever. Les fentes des doubles rideaux laissaient passer les rayons lumineux. Il était l'heure de se lever alors Sorrento se redressa doucement sur son lit. Il leva les bras pour bien s'étirer puis relâcha les muscles. Il sortit de son lit et tira les gros rideaux afin d'éclairer la chambre. Le jeune homme se retourna et resta figé pendant quelques temps. Qu'est-ce que cette fille faisait là endormie par terre au bout de son lit ? Comment était-elle arrivée là sans être vue ? Allongée sur son côté droit, son visage fut caché par son bras. Ses oreilles étaient taillées en pointes. Pointues ?! Il s'approcha doucement d'elle en essayant de ne pas la réveiller. Il la tourna lentement et vit son minois. Une femme elfe. Sorrento se frotta les yeux, il n'en revenait pas. Était-il en train de rêver ? Une telle créature ici ? La robe qu'elle portait était bordeaux avec des chaînettes au niveau des épaules. Sa peau témoignait d'une pâleur maladive. Elle devait sûrement être à bout de force. Pourra-t-elle se réveiller ? Il remarqua qu'elle respirait encore, donc toujours en vie. Il voulait au moins connaître son nom avant d'appeler le médecin. Il la secoua légèrement car en réalité il n'osait pas la déranger pendant son sommeil. Elle remua un peu ; sûrement encore un spectre qui venait l'ennuyer avant qu'elle rende son dernier souffle. Elle entrouvrit les yeux, elle voyait flou et cette lueur étrange l'aveuglait plutôt qu'autre chose. On voulait la brûler ? C'est ça ! Les spectres veulent l'immoler ! Elle recula en traînant son sac jusqu'au fond de la pièce avec une force inespérée. Où était-elle ? Était-ce un endroit des Enfers qu'elle ne connaissait pas encore ? Une autre prison ? Enliana entra dans une panique.

 

«  Calme-toi, n'aie pas peur. Je ne te ferai pas de mal. (C'était qui cet homme en pyjama et aux cheveux violets ? Ses yeux violacés ne la rassuraient pas, bien que le regard de celui-ci se voulait plutôt apaisant.) Je m'appelle Sorrento, et toi ?

— So... Sorrento ? fit-elle de sa faible voix.

— Oui c'est ça. Et toi ? C'est quoi ton petit nom ?

— Enliana, murmura la demi-elfe.

— Enliana ? (Elle acquiesça lentement.) Tu as l'air malade. Je vais appeler un médecin.

— Non, fit-elle en l'agrippant. Personne, pas de spectres.

— De spectres ? Rassure-toi il n'y a pas de fantômes ici. Il faut que tu vois un médecin.

— Je n'ai plus de force.

— C'est lui qui viendra à toi. Sois raisonnable, tu ne peux pas rester malade.

— Ça va aller, j'ai juste besoin de me reposer.

— Au fait, tu viens d'où comme ça ? Comment es-tu arrivée dans ma chambre ?

— Je ne sais pas, répondit-elle avant de s'assoupir.

Sorrento la rattrapa dans sa chute.

— La pauvre est vraiment épuisée. »

 

Le jeune homme lui enleva son sac bandoulière, la prit dans ses bras et l'allongea sur le lit. Il déposa les draps sur elle pour qu'elle n'ait pas froid et partit s'habiller en vitesse. Même si elle ne veut pas voir de médecin, il devait informer son maître, Julian Solo, qu'une clandestine s'était introduite chez lui. Il sortit de la chambre en jetant un dernier regard sur la jeune femme avant de s'en aller. Seulement celle-ci ne comptait pas rester dans ce lit. Pas qu'elle voulait fausser compagnie, mais il fallait absolument qu'elle sache où elle se trouvait. Elle repoussa les draps et posa les pieds à terre. Elle longea le lit d'un pas incertain et en profita pour observer un peu plus cette pièce. Les murs étaient recouverts d'un papier peint uni bleu foncé. Les fenêtres étaient grandes et blanches. À travers les vitres on pouvait voir l'océan à l'horizon. Cela ne ressemblait pas aux Enfers d'Hadès. Elle aussi aura des questions à poser à ce jeune homme. Enliana avait encore une démarche hasardeuse, comme lorsqu'elle vit Queen pour la dernière fois avant qu'il ne l'amène auprès de Kanon. Queen, elle se remémora son beau visage puis ressentit un pincement au cœur. Pourquoi lui avait-il dit de l'oublier ? Il était le seul spectre digne de sa confiance. Pourquoi l'oublierait-elle ? Elle se baissa fébrilement devant son sac et le fouilla, elle n'était pas là. "Mais où est-elle ?!" s'angoissa-t-elle. Elle balaya la pièce du regard, elle distingua une forme scintillante sous le lit. Elle s'y approcha et tendit le bras. Oui la voilà, la dague de sa mère, la tueuse d'elfes. Il ne faut surtout pas que ce jeune homme s'en approche et qu'il se coupe avec, sinon ce serait désastreux. Elle retourna vers son sac et la glissa dedans. Elle vit son ocarina en bois. Elle le sortit et l'observa. Pourra-t-elle en jouer à nouveau un jour ? La fatigue l'obligea à se caler contre le meuble et à refermer les yeux. Entre-temps Sorrento avait rejoint Julian dans sa salle de séjour et la nouvelle le surprit grandement. Il afficha même un sourire moqueur.

 

« Une fille s'est introduite dans ta chambre ?

— Oui, répondit Sorrento un peu gêné.

— Ce n'est pas plutôt toi qui l'as amené par hasard ? Cela ne me dérangerait pas tant que je suis au courant des va-et-vient de cette demoiselle.

— Oh mais enfin, vous n'y songez pas ? Je vous assure que ce n'est pas moi. Elle est d'une pâleur inquiétante. J'aurais voulu qu'elle consulte un médecin mais elle refuse.

— On ne peut pas vraiment l'obliger.

— J'espérais que vous puissiez lui faire entendre raison. Tout à l'heure elle s'est évanouie. Si je ne l'avais pas rattrapé, elle aurait pu se faire mal. Elle est si faible.

— Ah donc tu l'as eu dans les bras, taquina le maître.

— Monsieur Solo je vous en prie !

— Ne te fâche pas Sorrento. Cela me fait rire de t'imaginer avec une fille.

Le serviteur écarquilla les yeux. Pour quelle raison cela l'amusait-il ?

— Pourquoi ça ?

— Je ne t'ai encore jamais vu avec une femme.

— Oh je ne pensais pas que notre conversation allait tourner ainsi. Monsieur Solo, irez-vous au moins la voir ?

— D'accord, je vais aller à la rencontre de ton « elfe ». Une elfe, je me demande si tu n'as pas rêvé mon pauvre.

— Absolument pas. Vous verrez bien.

Julian se leva de son fauteuil et suivit son serviteur dans les couloirs jusqu'à sa chambre. Celui-ci ouvrit la porte et laissa entrer son maître avant lui. Le jeune Solo vit d'abord le lit vide. Sorrento vint à son tour et vit avec effroi qu'elle s'était enfouie.

— Oh ?! Mais où est-elle ? (Il regarda partout et la découvrit accolée au meuble avec son ocarina dans les mains. Julian constata qu'elle avait bien les oreilles en pointe comme les elfes. Recours à une chirurgie ? C'était possible. Peut-être que cette femme voulait avoir une apparence elfique. Le serviteur saisit doucement l'ocarina et l'enleva délicatement de ses mains. La jeune femme resta endormie. Il glissa l'objet à l'intérieur du sac sans en regarder son contenu puis il la remit dans son lit.) Je l'ai trouvé au pied de mon lit en me levant ce matin. J'ignore comment elle a pu venir jusqu'ici sans être vue.

— Étrange en effet. Je vais voir la sécurité. Peut-être qu'on la voit sur les vidéos de surveillance. (Sorrento approuva. Elle avait bien dû se faufiler par un endroit précis. Il est vrai qu'elle est très pâle.) Profitons qu'elle dort pour faire venir le médecin. Un bilan ne lui fera pas de mal. Aussi il est préférable qu'elle ait sa propre chambre... à moins que tu ne veuilles dormir avec elle ?

Sorrento se mit à rougir d'un coup, choqué par les propos de son maître.

— Oh ! Mais une femme a besoin d'intimité voyons !

— C'est bien, j'ai un serviteur très attentionné. »

 

Sorrento n'appréciait pas que Julian se joue ainsi de lui, même si de son point de vue, cela devait être divertissant. Néanmoins le serviteur savait que son maître ne faisait que le taquiner. Il ne lui viendrait pas à l'idée de faire dormir une inconnue avec l'un de ses domestiques. "Pourquoi les gens imaginent toujours des romances lorsqu'une jolie demoiselle arrive soudainement ? C'est stupide !" pensa Sorrento. Julian lui ordonna de faire venir un médecin pendant qu'il se chargeait d'interroger la sécurité.

Date de dernière mise à jour : 2020-08-19

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