L'autocritique d’un auteur

Le 2020-11-11 0

Dans Écriture

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Source image : Peggychoucair de Pixabay

Définition

Qu’est-ce que la remise en question ? Selon le dictionnaire Larousse, mettre en question signifie soumettre à une discussion. Et selon le Wiktionnaire, se remettre en question consiste à contester un principe ou une chose acquise. Le pronom personnel « se » ramène à soi.

Donc pour se remettre en question, il faut contester ce que l’on sait déjà de nous. On appelle cela aussi une autocritique.

Le but d'une remise en question

Je vais vous répondre très vite sur ce point. La remise en question (ou autocritique) vous évitera de perdre du temps inutilement et de foncer droit dans le mur. Pour vous faire part de mon expérience, j’ai mis 10 ans à développer mon style d’écriture. 10 ans, c’est beaucoup ; et encore je continue à évoluer. Pourquoi un tel retard ? Laissez-moi vous expliquer. Je ferai souvent le parallèle avec mon expérience.

 

Ceux qui me connaissent un peu savent que j’ai commencé en écrivant des fanfictions sur le catch. Rien d’impressionnant, c’était un thème très à la mode dans les années 2010. J’écrivais, postais mes chapitres et le peu de lectrices qui me lisaient me disaient sans cesse « génial » ou « super, hâte de lire la suite ». Par conséquent, je me disais que j’écrivais bien.

Seulement, au bout d’un moment, j’ai été lassée de voir ces commentaires-là. J’ai posé la question suivante à l’une d’elle : « tu es sûre que j’écris bien, tu n’as vraiment rien à redire sur mes textes ? » Elle m’avait répondu à l’époque que non, j’écrivais super bien. J’aurais pu m’arrêter là, toutefois je n’aurais jamais dépassé le stade du « kikoolol » comme on disait autrefois si je ne m’étais pas remise en question.

 

Tout cela pour vous dire quoi ? Simplement que vous ne devez pas vous contenter de commentaires de la sorte. Si vous ne recevez que cela, ce n’est pas bon signe. Soit :

  • Vous avez des lecteurs qui sont loin d’être exigeants.
  • Vous avez des lecteurs qui n’osent pas vous dire la vérité.

Dans les deux cas, votre évolution ne se fera que très lentement voire pas du tout si votre esprit critique ne tire pas la sonnette d’alarme.

Comment faire pour évoluer sans l’aide des lecteurs ?

Vous devez d’abord vous détacher de ces commentaires qui faisaient faussement vos éloges, vous emprisonnant dans ce cocon de confort dont vous aviez peur de vous enlever. Seulement, dites-vous bien que rester avec des œillères ne vous aidera en rien. C’est déjà bien de se dire « ce n’est pas possible, je ne peux pas écrire aussi bien du premier coup, sans m’être exercé au préalable. » C’est la première étape à franchir : se rendre compte que nous ne sommes pas parfaits.

Il faut comprendre que l’écriture est un art qui se travaille comme la musique, la sculpture ou le dessin. En effet, il est donné à tout le monde d’écrire, mais il n’est pas donné à tout le monde d’écrire correctement.

Alors qu’est-ce que j’ai fait pour évaluer mon travail ? La seconde étape consiste à comparer son travail avec celui des auteurs renommés. J’ai confronté mes fanfics avec des œuvres littéraires que j’avais sous la main. Au passage, je confirme que pour apprendre à écrire correctement, il faut lire des titres dans le genre que vous visez. Je ne parle pas de copier un style, juste de comparer et de voir ce que vous ne faites pas convenablement.

Dans mon cas, je me suis rendue compte que mes chapitres contenaient essentiellement du dialogue. Pourquoi ? Je l’ignore. Il n’y avait que peu de phrases narratives, encore moins de descriptions. Pour ce dernier critère, je pense que c’était dû à une certaine fainéantise. À l’époque, on ne décrivait pas, on mettait le lien vers une image pour une robe par exemple. Seigneur, que c’est catastrophique. Mes écrits manquaient cruellement de relief. J’en ai honte maintenant. Ah oui, je faisais bêtement ce que les autres faisaient sur leur skyblog. Heureusement ceci est derrière moi maintenant.

Reprenons un peu chaque partie avec leur rôle. En fait, cela vous renvoie au cours de français sur les différents types de textes : narratif, descriptif, informatif (ou explicatif), argumentatif et injonctif. Pour écrire une histoire, il faut savoir trouver un équilibre entre ces différents types de texte.

Personnellement, je jongle principalement entre le narratif et le descriptif, à cela j’ajoute le dialogue.

  • Le narratif pour raconter les faits, les actions.
  • Le descriptif pour décrire ce qui entoure les personnages ainsi que leurs émotions.
  • Le dialogue pour dynamiser l’histoire, pour les échanges d'informations entre les personnages.

En suivant cela, j’avais déjà plus de reliefs dans mon récit. Qu’est-ce que je veux dire par « reliefs » ? Eh bien un texte est plat et ennuyeux s’il n’y a pas de descriptions, ni d’actions, ni de dialogue. C'est un peu comme une sculpture. Au début, on a le texte brut (1er ou 2e jet), uniquement la trame, pas de relief, rien du tout. Nous sommes comme un scuplteur devant une pierre totalement brute. Ensuite, nous renforçons les descriptions et les émotions (s'il n'y en avait pas assez) afin d'ajouter une nouvelle dimension à notre texte. Souvent ces modifications se font lors de la phase de réécriture. Nous devenons alors ce scultpeur qui façonne la matière première pour lui donner une somptueuse et émouvante apparence.

 

La troisième étape consiste à s’entraîner à l’écriture. Avec la description, le lecteur s’imagine plus facilement notre univers. Je rappelle que c’est à l’auteur d’expliquer comment celui-ci se développe. Ce n’est pas au lecteur de le construire à la place de l’écrivain. Le lecteur n’a aucun travail à faire quand il lit à part se laisser emporter par notre plume. Si les auteurs ne décrivaient pas leur univers, alors tous les univers se ressembleraient dans l’esprit du lecteur. Comment définir notre touche personnelle dans ce cas ? Alors décrivons nos univers, dessinons nos personnages par les mots et divulguons leurs émotions afin qu’ils soient réels.

Pour lutter contre un texte narratif ennuyeux, nous devons l’entrecouper de dialogues afin de dynamiser l’histoire. Les personnages interagissent entre eux, comme nous dans la vraie vie. Cependant attention. Le dialogue doit véhiculer des informations importantes pour faire avancer l’histoire.

 

« Salut, ça va ?

— Ça va ?

 Quoi de neuf ?

 Pas grand-chose, et toi ?

 Que du vieux aussi. »

 

Vous avez appris quelque chose dans ce dialogue ? Si vous me dites oui, je vous regarderais avec des yeux de merlan frit. Ce genre de dialogue est totalement inutile dans un récit. Vous imaginez trois pages de dialogue où on tourne en rond, où on brasse du vent ? Ce dialogue ne remplit pas du tout son rôle et le lecteur va finir par se lasser. Alors c’est vrai que dans la vie courante, on peut se retrouver avec ce type de dialogue dans certaines situations, mais ceci peut être résumé en une phrase. Dans un récit, les personnages doivent s’échanger des informations, sinon le dialogue n’a aucun intérêt.

Ce qu'il faut retenir

Gardez en tête qu’on ne né pas prodige. Conservez un esprit critique sur votre travail. Pointez vos faiblesses, comparez-vous aux auteurs à succès, retravaillez les points qui vous font défaut.

Mais il n’y a pas que de cela dont il faut tenir compte. Relevez les choses que vous savez faire, gardez-les ou améliorez-les si vous le souhaitez. Si votre narration vous satisfait, par exemple, notez-le. Remarquez les progrès que vous faites. Vous ne mettrez peut-être pas 10 ans à évoluer comme moi. En réalité, le travail sur soi a été très rapide. Le plus dur est de s'apercevoir qu’on va droit dans le mur. Et si personne n’ose nous dire ce qui ne va pas, alors c’est à nous de mener notre enquête. Je peux vous dire que j’ai fait un sacré bon en avant rien qu’en me remettant en question, sinon je serais restée au stade « kikoolol »… quelle horreur.

 

Évidemment, il ne faut pas non plus se mettre en mode « branle-bas de combat » et stresser à la moindre erreur détectée. Il faut faire l’enquête calmement et se dire « ok, ça je ne le fais pas bien, je vais améliorer cet aspect » et c’est tout. Inutile de culpabiliser parce qu’on a mal fait les choses. C’est normal quand on débute. Et d’ailleurs, il faut ACCEPTER LE FAIT D’ÊTRE DÉBUTANT. Forcément si vous écrivez comme un kikoolol en vous disant « ça fait des années que j’écris des textes, ils sont géniaux, mes 3 lecteurs me l’ont dit donc c’est vrai », vous n’allez pas avancer des masses. C’est comme si un jeune rendait une dictée à son enseignant, il lui colle un 0/20 et que l'élève lui répondait : « mé ma pote ma di que j’ékrivé super bi1, que je fesé pa d’fote et vou m’mété zéro ! » Vous voyez un peu le problème ? Tous les auteurs ont débuté un jour, il n'y a aucune honte à cela.

En somme

Je résume donc les trois étapes :

  1. Accepter qu’on soit débutant et se rendre compte que nous ne sommes pas parfaits.
  2. Comparer son travail avec celui d’auteurs renommés et repérer ses failles.
  3. S’entraîner à l’écriture.

 

Si vous passez par ces étapes, vous allez faire un gros pas en avant dans votre travail. Vous verrez une nette progression dont vous pourrez être fier. Nous sommes comme des fleurs. Au début, nous sommes repliés sur nous-mêmes. Et au fur et à mesure que la lumière nous touche, notre esprit s’ouvre progressivement. Dans ce cas-là, vous vous sentirez comme une perce-neige en train d’éclore, passant du froid au chaud, de l’ombre à la lumière.

 

 Je vous souhaite bon courage pour votre remise en question. Faites-le et ressortez grand.

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