Écrivez d’abord pour vous, ensuite respectez votre lectorat. Et enfin, par pitié une fois encore, n’écrivez pas pour gagner un prix. La carotte qui doit vous faire avancer, c’est votre plaisir d’écrire et de partager, pas celui de vous attirer les louanges des autres en gagnant un prix. Ceci n'est pas un objectif. Et si cela n'arrivait jamais ? Pensez-y sérieusement. Car honnêtement, qui se pose la question de savoir si un auteur a obtenu un prix lorsqu’il lit une 4e de couverture ? Ah ! cela donne du prestige, c'est vrai. Mais est-ce une fin en soi ? Allez-vous supporter de ne plus être au sommet de la gloire une fois que vous serez retombé(e) ? Aurez-vous la force suffisante pour vous relever d'une telle chute ? Est-ce réellement indispensable pour le lecteur de savoir que vous avez eu un prix ? Non. Cela en va de même pour le best-seller. Si vous partez avec l'objectif premier de sortir un best-seller dès votre premier livre, vous allez tomber de très haut. D'abord parce qu'il faut une excellente communication sur votre livre pour pouvoir atteindre un nombre inimaginable de ventes, mais aussi parce qu'il y a un gros facteur chance. Elizabeth Gilbert a sorti un best-seller et elle le dit elle-même, elle ne l'a pas fait exprès et elle aurait même préféré que cela n'arrive jamais. C'est beau de poursuivre un rêve, seulement il faut savoir garder la tête sur les épaules. Les auteurs qui tentent de vous avertir, ce n'est pas par jalousie. Ne vous en faites pas pour eux, ils s'en sortent très bien. S'ils vous avertissent, c'est pour vous éviter une chute vertigineuse. Croyez-bien qu'un jeune auteur peut très bien sortir un texte aussi beau qu’un lauréat, sans chercher spécialement la gloire. Tout ce qu’il lui manque, c’est la confiance. Pour cela, je vous recommande le livre d’Elizabeth Gilbert "Comme par magie", il va vous redonner du peps !
Sachez vous remettre en question. Moi aussi quand je sortais de l'adolescence, j'ai eu mon lot sur Skyrock de "c'est génial", "hâte de lire la suite", "super". Au début c'est gratifiant, on est content, on a des paillettes dans les yeux. Seulement il y a un problème. Comment savez-vous que votre petit lectorat est sincère ? Croyez-moi, recevoir ce genre de commentaires deviendra de plus en plus lassant car toujours la même chose. Personnellement je me suis dit "ce n'est pas possible que j'écrive aussi bien dès le départ". On ne me la fait pas à moi ! J'ai bien fait de me remettre en question. J'ai comparé avec les quelques livres sortis de maisons d'édition que j'avais en ma possession et je me suis rendue compte de la catastrophe :
- Récit quasiment inexistant,
- Pas de description,
- Des dialogues sans intérêt qui ne faisait que remplir les chapitres.
C'était bien loin de mes ambitions de départ : sortir un livre, pas un best-seller, un livre. J'ai donc corrigé ma façon d'écrire et là, mon public a disparu. Pourquoi ? Parce que mes chapitres sans prise de tête sont devenus trop ambitieux pour eux. Il préférait une lecture facile et totalement vide d'émotions plutôt qu'un récit plus sérieux. Eh bien tant pis, j'ai choisi de m'améliorer coûte que coûte. Qu'importe si ce public m'échappe, j'en aurai un bien meilleur qui saura apprécier un texte avec le relief que je lui apporte.
Encore une petite anedocte :
Il y en a quand même eu une qui a eu l'audace de me dire ce qui n'allait pas dans mes chapitres. Je ne sais plus si c'était avant ou après ma remise en question. Ceux-ci manquaient d'émotions selon elle. Elle avait même dit "ça manque d'émotions, je lis tes chapitres comme si je lisais une liste de courses." Elle avait eu un peu peur de ma réaction parce qu'elle n'y avait pas été avec le dos de la cuillère mais trop tard, le commentaire était parti. Quand je l'ai lu, j'ai d'abord été choquée. J'en avais même ragé car j'avais déjà commencé à retravailler mes textes. Seulement je n'avais pas répondu dans l'immédiat. J'ai préféré me calmer avant car malgré ma fureur, je savais qu'elle essayait juste de m'aider. Seulement, je n'avais pas l'habitude de ce genre de commentaire alors j'étais montée en flèche. Le lendemain, quand j'ai relu et comparé mon chapitre avec ses arguments, j'ai constaté qu'elle avait raison. Elle fut soulagée de voir de ma part une réponse posée et compréhensive. Aujourd'hui, je la remercie de m'avoir donné un coup de pied à l'arrière-train.