Chapitre 8 - Dernier transfert

Chapitre 22

Après être sorti du palais du Grand Pope, Camus regagna son temple. Le chef envoya quelqu’un chercher Desideria. Lorsque Milo arriva chez son ami et qu’il le vit avec un air grave sur le visage, il se demanda ce que le Grand Pope avait bien pu lui faire. Camus lui expliqua en quelques mots et Milo ne put s’empêcher d’afficher un large sourire. « Oh s’il te plaît, ne t’y mets pas ! Il se paie ma tête ou quoi le Grand Pope ?! » lui avait-il rétorqué.

 

« Efface-moi ce sourire débile !

— Non. Je crois que le Grand Pope s’amuse avec toi.

— Oh oui ça l’amuse, c’est certain. S’il veut mettre Desideria dans le lit d’un homme, il n’a qu’à la prendre !

— Tu le penses vraiment ? (Son interlocuteur ne répondit pas.) Camus ?

— Non, grogna-t-il.

— Elle te plaît ou pas ? Franchement ?

— Pourquoi veux-tu me tirer les vers du nez ?

— Parce que tu pourrais l’avoir sans problème et qu’elle n’attend que ça. Si elle ne te plaît pas, dis-lui. Si j’avais été à ta place, il y a longtemps que tu m’aurais sermonné à ce sujet. Tu sais un discours du genre « ne fais pas souffrir une femme inutilement ? » Je pense qu’elle te plaît mais tu refuses de l’avouer. Pourquoi ?

— Justement pour ne pas la faire souffrir inutilement. Nous sommes des chevaliers d’Athéna et il n’est pas impossible qu’on perde un jour la vie. Et si ça arrive elle aura le cœur brisé.

— Ce n’est pas à toi d’en décider Camus. Tu ne le contrôles pas. Elle a été honnête avec toi alors rends-lui la pareille.

— Je ne suis pas certain qu’elle le contrôle elle-même.

— Fais comme tu le sens. Mais il est préférable qu’elle sache que tu l’as aimé, même si elle te perd plutôt que l’inverse. C’est difficile de vivre près de quelqu'un qu'on aime quand celui-ci ne te regarde même pas.

Le Verseau ne répondit pas. Milo resta un peu pour faire une partie d’échec, cependant il n’avait pas encore su battre son ami. Bien plus tard, après une autre défaite du Scorpion, Camus regarda par la fenêtre et distingua une silhouette familière à l’extérieur. L’air intrigué il sortit immédiatement, suivit par l’autre chevalier. « Mais où va-t-elle ? » se demanda-t-il. La jeune femme semblait préoccupée.

— Desideria, où vas-tu ? (Elle s’arrêta et se tourna vers lui.) Le temple du Sagittaire se situe plus bas.

— Pourquoi me parlez-vous de ce temple ? Apparemment le Grand Pope veut que je m’installe dans son palais. Seulement j'ignore ce que je vais faire là-bas. Je n’y ai pas ma place.

— On t’a dit ça ?! Non mais, il va voir ce qu’il va voir celui-là ! Reste avec Milo, je reviens !

Le Verseau s’en alla à toute hâte.

— Mais qu’est-ce qui lui prend ?

— Ne t’en fais pas, il va juste lui dire sa façon de penser, c’est tout.

Camus passa devant le temple du Poisson d’un air mufle.

— Tu vas souvent voir le Grand Pope en ce moment Camus, remarqua Aphrodite. Tout va bien ?

— Mêles-toi de tes roses !

L’autre chevalier fut bouche-bée. "Mais ? Qu’a bien pu faire le Grand Pope pour le mettre en rogne comme ça ?" s’interrogea-t-il alors que Camus montait les escaliers. Il entra dans la salle du trône et ne prit même pas la peine de s’incliner.

— Ce n’est pas toi que j’attendais, Camus.

— Je sais bien, vous attendiez Desideria. Qu’est-ce que vous cherchez à faire ?!

— J’ai changé d’avis, je l’invite à venir vivre au palais. Vu que tu n’en veux pas, je pensais que ça ne te poserait pas de problème.

— Vous aviez désigné le temple du Sagittaire pour l’accueillir, pourquoi un tel changement ?!

— Calme-toi. Cette femme voit des fantômes. Elle a besoin d’un homme près d’elle pour la rassurer.

— C’est bien ce que je pensais, vous voulez en faire votre concubine ! Il n’en est pas question !

— Où est le problème ? Tu ne veux pas d’elle, je veux bien la surveiller pour toi. « T’es vraiment sadique ! C’est évident qu’il ne voudra pas te la confier. Laisse Desideria tranquille au lieu de t’amuser avec lui ! »

— Je ne vous laisserai pas avoir Desi’ aussi facilement. Ce n’est pas un jouet alors foutez-lui la paix ! Puisque vous tenez tant à ce qu’elle soit accompagnée, elle restera avec moi !

— « Hum hum, avoir Desi’. » Toi aussi tu changes d’avis finalement ?

— C’est toujours mieux que de la voir avec vous.

Le chevalier sortit de la salle et passa à nouveau devant Aphrodite pour regagner son temple. Celui-ci préféra se faire discret lorsqu’il vit la tête de Camus. Il valait mieux pas le chercher. Il rejoignit la demoiselle.

— Tu n’as plus besoin d’aller le voir, dit sèchement Camus. Tu prendras tes affaires et tu viendras ici.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Qu’est-ce qu’il avait encore imaginé le Grand Pope ? demanda Milo.

— Desideria, vas chercher tes affaires. Demande à Astérion de venir t’aider.

— Vous êtes sûr ?!

— Oui, vas-y tout de suite, ne perds pas de temps ! Avant que je ne change d’avis.

La jeune femme s’en alla à toute hâte. Elle ne savait pas trop ce qui se passait, ni ce qui avait bien pu mettre Camus dans cet état. Milo attendit qu’elle soit suffisamment éloignée pour reprendre la parole.

— Que se passe-t-il ? Tu es bien nerveux.

— Ce con-là voulait en faire une concubine ! Et puis quoi encore ?! Il n’en a pas assez ? Quel manque de respect ! Desideria est une femme serviable, douce et sensible. Pas une fille de joie ! Elle se serait sentie mal à l’aise avec lui, il lui fait froid dans le dos !

— Wouah, c’est la première fois que je te vois sortir de tes gonds. (Il prit un air moqueur.) Donc elle te plaît la demoiselle.

— Ça n’a rien de drôle !

— Non, bien sûr que non. Mais ça ne m’étonne pas vraiment du Grand Pope. Je le trouve étrange depuis un certain temps. Il est devenu tyrannique. « Régner par la force. » Depuis quand soumettons-nous les gens ainsi ?

— On n’avait jamais vu ça avant. Tu imagines les plus faibles ? Un jour on pourrait se retrouver à nouveau avec des esclaves.

— Tu y vas un peu fort.

— On y arrivera un jour si on applique à la lettre les ordres du Grand Pope. Si pour lui la vie des autres est devenu un jeu alors il n’est plus digne d’être à la tête du sanctuaire.

— Là-dessus je suis d’accord. (Il y eut un silence puis Milo afficha à nouveau son sourire moqueur.) Tu l’approches peu mais je constate que tu en connais un rayon sur Desideria. Tu dois beaucoup l’observer.

— Lysias a une grande langue aussi.

— Alors c’est pour ça que tu vas plus souvent à la bibliothèque ? C’est vrai que le gérant est assez proche de la demoiselle pour pouvoir t’informer.

 

Camus esquissa un léger sourire tandis que Desideria descendait rapidement les escaliers. Plus tôt elle s’installait et mieux c’était pour elle. Elle ne sera plus toute seule loin des autres. Elle avait tenté de partir mais elle revenait constamment sur ses pas. Une fois elle était tombée sur un garde. Comme elle ne semblait pas fuir il lui demanda pourquoi elle s'éloignait du sanctuaire. Elle prétexta une simple promenade. Le garde lui expliqua que de toute manière, elle aura beau essayer de s'éloigner, un sort l'empêcherai de quitter la zone. La jeune femme se dirigea vers le stade ; peut-être qu’elle y trouvera Astérion. Seulement elle tomba sur Misty qui observait ses camarades s’entraîner.

 

«  Bonjour Misty. Tu n’aurais pas vu Astérion par hasard ?

— Bonjour jolie brune. Astérion est là-bas. (Il lui montra le chevalier d’un signe de tête.) Il s’entraîne avec Dante. (Effectivement elle le voyait, seulement elle en distinguait plusieurs. C’était assez déroutant à voir.) C’est son Million Ghost Attack, expliqua le chevalier du Lézard, c’est une illusion. Pourquoi veux-tu le voir ? Il te manque ?

— Euh mais non. Camus m’a dit de lui demander de l’aide pour mon déménagement.

— Ton déménagement ?

Il arqua un sourcil.

— Pour l’instant je vais vivre chez Camus.

— Ah ! Tiens donc ! Là tu fais fort, se moqua-t-il. Comment as-tu fait pour te retrouver loger dans la maison du Verseau ?

Elle était assez gênée. Elle n’avait pas vraiment envie de lui raconter les détails de l’histoire.

— Je t’avoue que je l’ignore. Il m’a juste dit de ramener mes affaires.

— Soit. Astérion ! (Les chevaliers cessèrent leur combat ; il se tourna vers Misty tandis que ses doubles s’effacèrent.) Desideria a besoin de toi pour un « transfert ».

— Un transfert ? questionna Astérion en s’approchant d’eux.

— Il faudrait la déménager chez Camus.

— Ah oui ? Pourquoi les agents ne s’en occupent pas ?

— Demande au Verseau.

— Je suis en plein entraînement. Pourquoi tu n’y vas pas toi ?

— Je peux demander à des agents si ça vous arrange, fit la demoiselle, embarrassée.

— Non ne t’inquiète pas, ça ne me dérange. Tu as beaucoup d’affaires à prendre ?

— Non, ce sont surtout mes robes et mes affaires de toilette.

— Je vais venir avec vous. Astérion ne va pas tout porter seul.

— Bon, Dante ! Entraîne-toi avec quelqu’un d’autre. On a besoin de mes services. »

 

La jeune femme les remercia puis ils s’éloignèrent du sanctuaire. Elle voulait s’installer le plus vite possible. Pas seulement parce qu’elle souhaitait être en compagnie de son beau chevalier, mais aussi parce qu’elle voulait être plus vite tranquille. Durant le trajet Misty embêtait Desideria avec Camus. « Oh mais ça suffit oui ! » « Avoue, tu ne penses qu’à lui » se moqua le lézard. Il adorait la voir rougir, elle était si mignonne. « Elle doit sûrement le maudire en ce moment ? » se dit Astérion. Il se mit à sonder curieusement les pensées de la demoiselle, juste pour pouvoir confirmer ce qu’il spéculait. Néanmoins la réponse fut tout autre. Qu’entendait-il là ? « On perd la mémoire au fond d'un regard, histoire d'un soir*… Oh mince ! J’ai encore cette chanson dans la tête ! » « Oh non, se plaignit-il, surtout ne plus sonder ses pensées. Elle va encore me mettre ses chansons à l’eau de rose dans la tête ! »

 

 

* Nuit magique, de Catherine Lara.

Date de dernière mise à jour : 2020-08-17

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