Extrait du roman
Je vous mets ici un extrait s'étandant sur quatre chapitres de mon premier roman. J'espère que cela vous donnera envie d'en savoir plus.
Chapitre 1 - Soriys ----------------------------------- p.1
Chapitre 2 - Une famille brisée ----------------------- p.2
Chapitre 3 - Un destin gravé -------------------------- p.3
Chapitre 4 - Le déshonneur ---------------------------- p.4
Bonne lecture ! :)
Chapitre 1 - Soriys
Bienvenue dans le royaume paisible de Placida. Si vous ne connaissez pas ce royaume, ce qui doit être forcément le cas, alors laissez-moi vous guider à travers lui.
Nous nous trouvons à l’époque médiévale, en l’an 502, où Placida n’était encore qu’une île située en plein milieu de l’océan dans un monde lointain. C’était un lieu au climat tempéré avec les quatre saisons, qu’elles soient favorables ou hostiles. Cette contrée n’était qu’une terre isolée, inconnue de tous. Les seuls habitants étaient des animaux qui menaient une vie bien tranquille. Puis un jour, un capitaine nommé Soriys arriva à bord d’un vaisseau (1) avec ses hommes. Le navire venait du nord-est. Le vent frais et sifflant faisait danser ses cheveux bruns ondulés. Son visage était rond avec des yeux bleus qui ressortaient de sa peau blanche. Il avait un nez en trompette, des petites lèvres et un menton saillant garni d’une barbe bien entretenue qui descendait jusqu’à son torse. Il était grand et sa voix était virile. Sa tunique rouge et ses sandales laissaient penser qu’il venait d’un endroit assez chaud.
Le capitaine finit par jeter l’ancre et se rendit en chaloupe sur la côte. Il descendit de l’embarcation, accompagné de ses hommes, afin d’explorer cette terre nouvelle. Les hommes marchèrent pendant plusieurs heures, plusieurs jours sur l’île. Ils découvrirent que cet endroit possédait de très bonnes ressources comme des carrières de marbre, de granit, des pommiers, des oliviers, des sources d’eau douce et aussi des terres fertiles. Au centre de l’île, il y avait une grande forêt qui abritait bon nombre d’animaux ; en particulier des sangliers, des cerfs et des lièvres. En son centre, les hommes remarquèrent une petite clairière avec au milieu un rocher plat et ovale. Vu du ciel, l’île ressemblait à un oeil vert.
Les hommes poursuivirent leur exploration. Il leur fallut environ plusieurs semaines pour tout explorer. Ceci s’expliquait par les nombreux arrêts pour la nuit et aussi pour examiner ce qui se trouvait sur les lieux. Heureusement il y avait de la nourriture et de l’eau sur cette île pour remplir les gourdes.
— C’est un endroit très paisible. Il fait bon y vivre. Nous l’appellerons Placida, conclut le capitaine Soriys. Allons chercher le reste des nôtres, ordonna-t-il ensuite. Nous ne serons plus nomades désormais. Nous avons trouvé un endroit où vivre à l’abri de toute menace.
— Père, cette île n’est pas sur nos cartes, remarqua Timilas.
Timilas était le fils de Soriys. Il avait neuf ans et ressemblait déjà fortement à son père ; à quelques exceptions près. Il avait des yeux marron, le visage fin et il portait une tunique verte.
— Non mon fils. Mais ne t’inquiète pas. Si elle n’est pas sur la carte, cela signifie que nous sommes les premiers à y mettre les pieds. Timilas, j’aurai besoin de ton aide pour superviser la construction de notre cité. Nous l’appellerons Soriys.
— Oui père.
Un sourire s’afficha sur le visage du capitaine. Son fils était sa fierté. Quelques semaines plus tard, les hommes revinrent sur Placida avec leurs femmes et leurs enfants. Plusieurs voyages étaient nécessaires pour amener tout le monde. Les premières tâches furent de monter les tentes et de trouver de la nourriture. Leurs réserves s’étaient presque épuisées durant le voyage en mer. Environ cent personnes venaient d’accoster sur l’île. La vue à l’horizon était très belle. Derrière l’étendue de la plage, on pouvait apercevoir les plaines sauvages et verdoyantes. Mais à quoi ressemblaient nos gens ? D’où venaient-ils ? En fait, difficile de vous le dire parce qu’ils n’avaient fait que voyager à travers les terres. Ils s’étaient déplacés en espérant trouver un lieu qui pouvait les accueillir. Certains avaient la peau blanche, d’autres la peau noire et encore d’autres le teint un peu bronzé. Les hommes portaient des tuniques qui descendaient au-dessus des genoux. Les femmes étaient vêtues d’une longue robe qui se prolongeait jusqu’aux chevilles. Ces gens s’étaient rencontrés lors des voyages et certains les avaient rejoints car ils n’avaient nulle part où se loger. Toutefois ces gens ne pouvaient pas vivre indéfiniment dans des tentes rudimentaires près d’une source d’eau douce. Lors de leur exploration, Soriys et ses hommes avaient repéré des carrières de marbre et de granit. Ils façonnèrent donc des gros blocs pour les constructions. Ils taillèrent également des pierres dans la roche des montagnes pour ne pas épuiser trop vite leurs ressources naturelles. Ils durent couper du bois pour fabriquer des charrues solides. Par conséquent, la cité avait mis beaucoup de temps pour se développer car les carrières étaient loin du campement. Les hommes s’occupaient de la construction de la cité, de la chasse et de l’agriculture.
Les femmes se contentaient de suivre les directives de leur mari. Elles s’occuperaient des enfants, du ménage et de la cuisine parce que les hommes avaient un monde à bâtir.
Quelques années passèrent doucement avant que s’élève la première cité du royaume de Placida. Les hommes apprirent beaucoup de choses dans le domaine de l’architecture et de la médecine. Aussi durant ces années, trois hommes en toge avec une barbe blanche assez longue, étaient apparus de nulle part. La toge de Theodorus était blanche, celle d’Indros était bleue et celle de Lucian était verte. Ils avaient tous les trois une voix rocailleuse. Cela avait pu s’entendre lorsqu’ils saluèrent le roi en arrivant au palais. C’était une très grande bâtisse en pierres blanches avec deux grosses colonnes à la porte d’entrée et de beaux jardins dans la cour principale. Néanmoins Soriys, bien assis sur son siège royal, ne les vit pas d’un bon oeil parce qu’il ignorait leur origine. Qui étaient-ils ? Et d’où venaient-ils ?
— Je suis Theodorus, dit le premier au crâne un peu dégarni. Je suis un expert en médecine et en sciences. Il m’arrive aussi de prévoir le temps. Vos médecins utilisent des moyens primitifs.
Je pourrais peut-être leur faire bénéficier de mon savoir.
— Mon nom est Indros et je sais ce qui est juste et logique.
Je pourrais vous conseiller lors de vos prochaines décisions, ajouta le second aux cheveux courts.
— Je me nomme Lucian et je connais la nature. Je pourrais vous en apprendre davantage sur elle pour de meilleures récoltes, fit le dernier aux cheveux longs.
— Vous me semblez bien prétentieux. Qu’êtes-vous donc pour venir nous importuner comme cela ? Nous ignorons d’où vous venez et ce que vous nous voulez ! s’exclama le roi dubitatif.
— Nous venons d’un monde fort lointain. Et nous aimerions vous conseiller et vous soutenir, répondit calmement Theodorus.
— Nous avons bâti cette cité sans vous. Votre aide nous est donc inutile, riposta Soriys.
— Oui c’est vrai que vu comme cela, il est logique que vous soyez réticent, confirma Indros. Mais nous permettez-vous au moins de rester sur votre île ?
Le roi Soriys réfléchit quelques minutes. Trois personnes de plus sur son île ne le dérangeait pas plus que cela ; du moment qu’ils ne semaient aucun trouble dans la cité. Et puis, il ne pouvait pas chasser trois vieillards qui proposaient leur appui.
— C’est d’accord à condition que vous vous pliiez à nos règles, décida Soriys.
— Nous vous remercions grandement Roi Soriys, dit Lucian.
— Voulez-vous qu’on vous construise une chaumière ? demanda le roi.
— Non, ne vous donnez pas cette peine. Nous saurons nous débrouiller, répondit Theodorus.
— Vous êtes certain ? s’étonna le roi en écarquillant ses yeux.
— Oui, confirma le vieil homme. Nous vous remercions.
— Soit.
Ce fut l’entretien qu’ils eurent à cette époque. Mais il y avait une personne, dissimulée dans l’ombre, qui n’appréciait pas la venue de ces trois hommes. Il s’agissait de Vorn, le seul sorcier et professeur de médecine de Placida. C’était un homme de grande taille et mince. Il avait les cheveux grisonnants et mi-longs. Son visage était creusé, il avait des yeux sombres, un nez crochu, des grosses lèvres rouges, un menton en galoche avec une barbe grisâtre. Il était vêtu d’une tunique marron qui descendait jusqu’à ses pieds. Ses sandales étaient de la même couleur que son vêtement. Vorn s’appuyait sur son grand bâton lorsqu’il marchait parce que sa hanche gauche l’handicapait. Cela se voyait quand il marchait, il boitait. Vorn s’était senti insulté par ces trois hommes. Le rôle du sorcier était aussi de conseiller le roi et ce fut la raison pour laquelle le souverain refusa l’aide des Sages. Oui, les Sages. C’était le titre que les gens leur avaient donné. Tous les citoyens savaient que ces trois hommes voulaient aider le peuple. Par conséquent, certains préféraient se tourner vers eux plutôt que vers Vorn. En effet, le sorcier ne servait pas uniquement le roi mais aussi les soriyssiens. Cependant, c’était un homme amer tandis que les Sages inspiraient la sympathie. Et souvent, les habitants étaient satisfaits de leurs consultations chez eux. Des médecins apprentis, des hommes et surtout des femmes avec leurs enfants venaient demander des conseils de tous genres auprès d’eux. Entre-temps, le sorcier rechignait dans son coin, vert de jalousie.
Quelques mois plus tard, Vorn décida de s’entretenir avec le roi dans la salle du trône afin de lui faire part de son problème. Deux gardes étaient postés à la porte d’entrée.
— Je ne vois pas en quoi ces hommes vous dérangent Vorn. Ils n’ont jamais manqué de respect envers nous jusqu’à présent. À moins que vous ayez une raison valable qui expliquerait leur renvoi ? demanda le roi.
— Eh bien pour ma part, je n’ai aucune confiance en eux.
Ils aident les citoyens de votre propre cité. Ils désobéissent à vos ordres ! répondit le sorcier de sa voix grave.
— Il est vrai qu’il y a quelque temps j’ai refusé leur aide. Mais si les citoyens se tournent vers eux, c’est qu’ils y trouvent bon compte. Vous n’avez pas à vous sentir blessé.
Appuyé sur son bâton, Vorn commençait à s’impatienter.
Il balaya la salle du regard tout en grommelant. Il chercha un nouvel argument. Et lorsque celui-ci fut trouvé, il se tourna à nouveau vers le roi.
— Ils conseillent vos citoyens pour le moment, c’est certain. Mais qu’est-ce qui vous prouve qu’ils sont sincères ? Nous ne savons toujours pas d’où ils viennent. Leur réponse à ce sujet n’a été que très vague. Ils pourraient monter les gens contre vous ! argumenta le sorcier.
— Et quel serait l’intérêt pour eux ? questionna le roi.
— Je l’ignore mais je persiste à dire que nous devons nous méfier de ces étrangers !
— Je crois plutôt que vous êtes inquiet pour votre avenir, reprit Soriys. Le roi se leva de son trône, s’approcha de Vorn et posa amicalement sa main sur son épaule. Allons mon ami, n’ayez aucune crainte. Vous ne risquez pas votre poste.
À la fin de cette conversation, le roi retourna à ses occupations. Vorn concentra sa colère au fond de lui pour ne rien laisser paraître. Sa tactique n’avait pas fonctionné. Puisque le roi ne tenait pas compte de sa requête alors il n’était pas digne d’être souverain ! Mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Et peut-être que Vorn pourrait avoir plus qu’un simple renvoi des Sages.
Il devait voir plus haut que cela ; il pourrait avoir le trône de Soriys. Mais il lui fallait un bon plan qui le garderait de tout soupçon. On ne tue pas un roi comme on tue un malfrat. De plus, Vorn venait d’avoir son entretien avec le souverain devant des témoins donc il serait vite accusé. Non, il était préférable de se faire oublier pour l’instant. Le sorcier agira plus tard.
Pendant ce temps en ces jours paisibles, la cité devenait de plus en plus prospère. D’autres petites villes furent construites par des citoyens en recherche de tranquillité et désirant s’éloigner un peu plus de la cité mère. Ils pourraient ainsi exploiter plus facilement les ressources en blocs de pierres, de marbre et de granit ; et aussi implanter des fermes de blé et de salades. La cité de Soriys et les villes avoisinantes avaient même des troupeaux de moutons à leur disposition pour avoir de la laine. C’était une belle évolution qui s’étendait sous les yeux du roi. Il en était très fier. Les villes furent construites près des cours d’eau car la terre y était plus fertile. Les récoltes étaient plus abondantes. Placida évoluait grâce aux conseils que les Sages donnaient aux résidents. Toutefois, au sud-ouest de cette grande île, plus loin à l’horizon de l’autre côté de la mer, on pouvait apercevoir également des terres plus hostiles. Les explorateurs n’avaient pas jugé bon de continuer dans cette direction parce que l’endroit semblait affreusement désertique. Et puis l’île était déjà bien assez grande.
Au fil des années le fils du roi, Timilas, se maria avec Télia. C’était une femme âgée de dix-neuf ans, rousse aux cheveux attachés en beau chignon. Elle avait un visage fin, les yeux verts émeraude, un petit nez en trompette, des lèvres roses et un menton en arrière. Elle portait souvent une robe vert émeraude qui la mettait bien en valeur. Télia était une femme très souriante et très chaleureuse. Mais le mariage avec cette femme n’avait pas permis à Timilas d’accéder au trône de Soriys puisque son père vivait encore. Aussi le jeune prince n’avait que trop d’estime pour son père pour tenter de prendre sa place. Le principal pour le prince était d’être entre homme, père et fils. Leur complicité était inébranlable. Quelques mois après le mariage de Timilas et de Télia, le couple donna naissance à leur première fille. Les parents l’avaient appelé Daria. De longs cheveux châtains et lisses entouraient le visage de la jolie petite fille. Elle avait le teint frais, un visage fin, des yeux marron comme son père, des petites lèvres roses et le menton en arrière comme sa mère. Télia allait régulièrement consulter les Sages pour son premier enfant. Theodorus lui donnait de très bons conseils pour soigner ses petites maladies et ses écorchures. Il lui arrivait même de préparer des remèdes lorsqu’il jugeait que cela était nécessaire. Ceci raviva la colère du sorcier. Daria eut ensuite des petites soeurs aussi mignonnes les unes que les autres. Certaines étaient très joueuses et aimaient grimper dans les arbres. D’autres étaient plus calmes et préféraient jouer avec leurs poupées de chiffon. Daria était la plus intrépide des six filles et une des plus espiègles.
Toutefois, les beaux jours furent chamboulés par un moment tragique. En 529, le vieux roi Soriys tomba gravement malade. Timilas ne savait pas par quel moyen le soigner. Alarmée, Télia consulta une nouvelle fois les Sages. Elle était accompagnée de sa fille Daria qui n’avait que sept ans à l’époque. Ses soeurs étaient parties jouer dans les jardins du palais. Télia expliqua les symptômes du roi à Theodorus. Il se précipita dans son petit laboratoire pour concocter un remède le plus vite possible. Il s’agissait d’une angine de poitrine donc il fallait le traitement approprié. Lorsque la préparation fut terminée, il la transvasa dans une grosse fiole puis la remit entre les mains de la jeune rousse.
— Tenez Télia. Avec ce remède, le roi devrait se remettre sur pied en quelques jours. Faites-le un peu bouillir. Le roi doit le boire chaud. Froid, cela risque de ne pas être très bon. Il doit en prendre une tasse par jour. J’en préparerais encore s’il le faut. Ah ! Et aussi fermez bien le récipient pour le conserver assez longtemps et mettez-le dans un endroit frais. Si ces conditions sont respectées, vous pourrez garder ce breuvage pendant environ une semaine, expliqua le sage.
— Merci Theodorus, fit la jeune femme reconnaissante. Encore une fois vous m’avez bien aidé.
— Je vous en prie. Cela me fait plaisir.
Télia salua les trois Sages et sortit de leur logis. Elle retourna au palais sans se douter qu’elle était suivie. Le sorcier l’épiait de loin pour qu’elle ne remarque pas sa présence. Télia se dirigea vers la cuisine du palais en plein après-midi. La pièce était déserte lorsqu’elle entra. Elle alluma un petit feu et fit réchauffer une ration du remède dans une petite casserole. Soudain elle dut s’éloigner quelques instants parce que la malicieuse Daria faisait des bêtises : cueillir les fleurs du jardin royal avec Myrsine, sa petite soeur deux ans plus jeune qu’elle. Télia prit ensuite le remède réchauffé, le versa dans une coupe puis le porta dans la chambre du roi où ce dernier se reposait. Le souverain se redressa difficilement sur son lit même avec l’aide de son fils Timilas.
— Cela devrait vous soigner mon roi, expliqua-t-elle d’une voix rassurante.
— Merci Télia. Vous êtes une brave femme, répondit Soriys de sa voix cassée.
Le roi prit la coupe.
— Faites attention. Je viens de le réchauffer, c’est chaud.
Soriys but le remède avec précaution puis rendit la coupe.
— Le sage Theodorus m’a dit que vous serez guéri dans quelques jours, ajouta la jeune femme.
— Merci ma douce, exprima Timilas les yeux pleins d’amour.
— Je vais me reposer maintenant.
Le roi se rallongea puis ferma les yeux. Il avait l’air tellement fatigué. Télia et Timilas sortirent donc de la chambre. Le jeune prince était rassuré de savoir que son père allait vite se remettre de sa maladie. Plus tard dans la soirée, la mère demanda à ses filles d’aller se coucher. Alors elles montèrent dans leur chambre et se couchèrent comme des filles bien obéissantes. Daria demanda à sa mère si son grand-père allait guérir. Télia la rassura en lui disant que le roi avait pris son remède et qu’il irait mieux dans peu de temps. Ensuite elle lui embrassa le front, fit de même avec Myrsine puis elle sortit de la chambre.
L’île de Placida était voûtée d’un magnifique ciel étoilé. Mais le lendemain matin lorsque Timilas vint voir son père, ce fut avec horreur qu’il le découvrit mort dans son lit. Des taches sur ses draps montraient que le roi avait régurgité par nuit et une odeur nauséabonde annonçait qu’il avait déféqué. Comment cela était-il possible ? La fureur monta sérieusement en lui. Le jeune prince hurla le nom de sa femme dans tout le palais pour qu’elle vienne dans l’immédiat. Il ordonna à ses hommes d’aller chercher sa femme puis il retourna dans la chambre de son père. Télia arriva rapidement accompagnée des gardes. Elle entra avec eux dans la chambre du roi.
— Que se passe-t-il mon cher ? demanda la femme affolée.
— Épargne-moi ton hypocrisie sale vipère ! cria furieusement Timilas, le visage haineux.
— Mais qu’est-ce que cela signifie ? ! Qu’est-il arrivé au roi ? demanda Télia en regardant le lit souillé.
— Tu l’as tué avec ton remède ! C’était en réalité un poison ! Gardes !! cria Timilas.
— Oui Monseigneur ? demanda l’un.
— Jetez cette sorcière aux fers !! Elle sera exécutée cet après-midi ! ordonna le prince furieux.
— Sans le moindre procès Altesse ? demanda le garde.
— Obéissez à mes ordres ! Les traîtresses n’ont nul besoin de procès !
— Bien Monseigneur, répondit-il visiblement choqué par cette nouvelle. Il attrapa délicatement le bras de Télia pour l’emmener. Le garde trouvait que la décision du prince était bien précipitée. Néanmoins il ne pouvait rien y faire.
— Timilas, je te jure que je n’y suis pour rien ! insista Télia.
— Emmenez-la loin de moi !! cria le prince avec un geste de rejet.
— Timilas ! Je t’en prie, écoute-moi !
Le prince ignora la femme désespérée. Les gardes prirent Télia par les bras pour l’emmener en prison. Ils traversèrent la ville. Les gens les regardèrent, ne comprenant pas ce que les gardes faisaient. Les regards étaient insoutenables pour Télia. Certains étaient interrogateurs tandis que d’autres la jugeaient déjà sans savoir. Les gardes et la détenue arrivèrent à la prison. Ils ouvrirent la porte et entrèrent avec elle. Ils parcoururent les couloirs sombres et l’un des gardes ouvrit une cellule.
— Entrez, ordonna-t-il calmement.
Télia entra dans la cellule, le visage triste et le coeur très lourd. Le garde referma la porte à clef puis il s’en alla avec son collègue. La mère s’assit sur le banc de la cellule, les yeux larmoyants.
Elle mit ses mains devant ses yeux et fondit en larmes. Elle seule savait qu’elle n’était pas coupable.
— Je vous en prie Gliddry père de tous les dieux, faites-lui entendre raison, pria-t-elle accablée par cette injustice. Ne les laissez pas exécuter une innocente.
La pauvre femme finit par sangloter. Les nombreuses contractions provoquées par ses pleurs lui faisaient mal au ventre et sa gorge était tiraillée par son chagrin. Non loin de la cité Soriys, un temple somptueux abritait les dieux. Il était situé en plein milieu de cette terre paisible. Seulement, ce temple était invisible et impalpable par les mortels. Pourtant il était bien présent. Elle avait un style gallo-romain avec ses magnifiques colonnades. Les divinités pouvaient voir tout ce qui se passait sur l’île grâce à une sphère qui dégageait une lumière bleue. Cette sphère ne disposait d’aucun socle. Elle était assez grosse et survolait une table rectangulaire en marbre blanc. C’était dans cette pièce que les dieux se réunissaient la plupart du temps. Gliddry avait entendu l’appel de Télia. C’était un grand homme un peu enrobé avec des cheveux bruns courts et bouclés. Il avait le visage rond, des yeux noisette, un gros nez, des lèvres généreuses et une belle petite barbe qui cachait son menton en arrière. Il était vêtu d’une longue toge blanche avec une ceinture marron à boucle dorée. Sa femme, Elydda, était avec lui en train de fixer la sphère. Elle était blonde aux cheveux longs et bouclés, un visage fin, des yeux bleus, un petit nez, des lèvres roses et un menton saillant. Elle avait un tempérament assez calme et chaleureux. À la vue de cette femme en détresse, elle posa une question à son époux.
— Que vas-tu faire Gliddry ?
— À mon grand regret je ne peux rien faire Elydda, répondit Gliddry en regardant tristement la sphère.
— Cette jeune femme est innocente. Tu ne peux pas laisser faire une telle injustice, insista Elydda.
— Je ne peux protéger une de tes filles parce que son destin est tracé, argumenta-t-il.
— Es-tu en train de me dire que sa mort est inévitable ?
— Oui Elydda, parce que sa fille sera amenée à accomplir une quête.
— Et sa mère ne peut vraiment pas échapper à cette mort ?
Gliddry posa son regard sur sa femme.
— Non. Sans cela Daria ne deviendra qu’une simple femme comme ses soeurs. Et je ne peux t’en dire plus… Je sais que ton coeur est empli de tristesse et crois-moi, cela m’attriste aussi.
— Si tu ne peux rien y faire alors soit, ajouta-t-elle en baissant les yeux. Elle ne comprenait pas pourquoi une telle injustice arriva après une vie si sereine.
— Tu m’en veux ? demanda le père des dieux.
— Non, répondit la mère. Je suis juste navrée pour cette femme.
— Moi aussi.
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(1) Navire.
Commentaires (2)

- 1. | 2017-12-03
- | 2017-12-03
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Date de dernière mise à jour : 2017-12-03
j'ai adoré les 4 premiers chapitres offert en lecture
je vais m’empresser d'acheter le livre
un collègue conquis