Chapitre 13 - Aux enfers

Chapitre 20

Le visage dissimulé par le haut de sa capuche, Hildarel poursuivait son chemin à travers Rodorio. Elle avait écouté les gens parler et discuta un peu avec eux au sujet des Enfers. D’après le voisinage, Hadès et Athéna se livraient une guerre. Toutefois les dires de ces gens ressemblaient à des fables. Peut-être qu’Hildarel trouvera de vraies réponses au sanctuaire de la déesse. Néanmoins l’elfe sentit qu’il y avait une barrière qui protégeait ce dernier. Elle dut faire le tour afin de trouver une brèche. Le soir elle traversa les temples qui étaient dans un triste état et jonchés de cadavres de-ci de-là. Avant que l’aube ne se lève, lorsqu’elle arriva aux abords du dernier temple, elle entendit des bruits de fracas ; comme des masses tombant du ciel. Elle resta à l’écart et prêta attention au discours de Shion au sujet de la raison pour laquelle ils devaient se rendre auprès d’Athéna. Le sang de celle-ci avait été versé dans le but de réveiller son armure. L'elfe ne comprenait rien à leur histoire mais cela l’importait peu. Toutefois elle ne s’attendait pas à ce que le renégat l’incite à sortir de sa cachette. La jeune blonde s’approcha sous le regard des chevaliers de bronze et d’une femme portant une armure différente des autres. Il s’agissait d’Erika Hope, l’une des sentinelles de Laethion*.

 

« Mais que faites-vous ici ?

— Vous n’avez rien à faire là ! s’énerva Seiya. Ce lieu est sacré !

— Silence ! somma sèchement l’elfe. (Elle avait toujours sa capuche sur la tête.) Surprise que vous m’ayez vu, je suis pourtant restée discrète.

— Nous n’avons pas le temps, ajouta Shion, que voulez-vous ?

— Navrée de m’introduire comme ça sur vos terres sacrées mais je vous ai entendu parler d’un certain Hadès.

— Oui, et alors ? demanda Hyoga. 

— J’aimerais que l’on me conduise à lui.

— Comment ?! s’étonna Shion. Pourquoi une jeune femme voudrait voir le Seigneur des Enfers ?

Ces paroles rassura l'intruse.

— Alors je suis sur le bon chemin. À un moment, j’ai eu peur de m’être égarée.

— Expliquez-vous, suggéra Shun. Votre discours est incompréhensible. Pourquoi une femme voudrait se rendre en Enfer ? Vous ne survivrez pas longtemps là-bas.

— C’est désespéré en effet, confirma Shiryû.

L’elfe enleva sa capuche et ses oreilles pointues provoquèrent l’étonnement des chevaliers, excepté la sentinelle.

— Je suis Hildarel de Linione.

— Linione ? demanda Erika. C’est une laethioni comme moi, une elfe du royaume de Galonde, les terres de l’ouest.

— C’est juste. Ce seigneur retient ma fille chez lui. Et j’ai l’intention de la lui reprendre.

— Hadès a enlevé votre fille ? questionna Shun.

— J’ignore comment cela s’est produit. Mais je refuse de la laisser de cet endroit sinistre. Les elfes ont besoin de lumière pour vivre. Elle ne survivra pas si je la laisse tomber. Nous devons suivre le « cosmos » d’un certain Aiolia ? Je ne comprends pas.

— Ils sont capables de ressentir l’énergie d’un autre, expliqua Erika.

— Ah ? Impressionnant. Je voudrais venir avec vous.

-—Non ! On ne va pas s’encombrer d’une femme ! rétorqua Seiya.

— Seiya ! reprit Shion. (Celui-ci le dévisagea, peu fier du jeune homme.) Si cette demoiselle désire secourir sa fille, nous devons l’aider.

Il fixa à nouveau l’elfe.

— Je vous remercie. Contentez-vous simplement de m’emmener là-bas. Ensuite je me débrouillerai.

— J’espère seulement que vous savez ce que vous faites, affirma le bélier. Êtes-vous capable de vous défendre ?

— Je sais me battre.

— Vous n’aurez pas affaire avec des débutants une fois sur place.

— J'ai déjà combattue afin de protéger mon peuple. Me prenez-vous pour une apprentie ?

— Désolé, je ne voulais pas vous offenser. Les enfers sont un endroit peu appropriés pour les femmes et j’ignore vos capacités. Faites attention à vous car là-bas ce ne sont pas des tendres. Ces chevaliers vous conduiront au château Heinstein. Mais ce ne sont pas les Enfers même. Vous devez trouver le passage vers les profondeurs qui y conduit. Maintenant partez vite ! Nous n’avons plus de temps à perdre.

Hyoga prit la main d’Erika et Shun celle de l’elfe. Ils s’éclipsèrent ensuite jusqu’au château. Arrivé à destination, Shun récupéra Aiolia (qui était jeté dans un précipice par Rhadamanthe) grâce à sa chaîne, ce qui surprit le juge des Enfers. Néanmoins l’attaque de Seiya qui suivit le fit rire plutôt qu’autre chose. Le cristal d’Erika se mit à briller et l’esprit d’Inarian en jaillit.Le juge fut stupéfait.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?! Vous avez amené des femmes ici ? De vrais irresponsables. Vous savez bien qu’elles mourront ici.

Hildarel s'avança vers lui sans lui montrer le mondre signe de crainte.

— Est-ce le sort que vous réservez à ma fille ?!

— Mademoiselle ! Ne vous approchez pas ! s’inquiéta Mû.

Mais elle était déjà bien trop proche de lui. Rhadamanthe arqua un sourcil.

— Votre fille ?

— Seigneur ! fit Inarian, l’esprit essentiel. Je ressens énormément de mal, de haine et de colère en ces lieux. Erika, je pense qu’Ugul viendra ici. Si le corps d’Hadès est celui qu’il cherche, alors il faut absolument aller à sa rencontre. C’est pire que je le croyais. Nous devons préserver le corps d’Hadès et vite !

— Je ne comprends rien à vos histoires, avoua le juge.

— Je suis venue chercher ma fille. Vous la retenez prisonnière aux Enfers !

— Vous êtes la mère d'Enliana ?

— Oui. 

— Quel est votre nom ?

— Je suis Hildarel de Linione, chef-lieu du royaume de Galonde.

Les chevaliers d'or étaient un peu perplexes. On aurait dit qu'elle sortait d'un univers fantaisiste.

— C'est une elfe sylvestre, leur expliqua Erika.

— C'est bien le nom sur la lettre. Je suis Rhadamanthe, un des juges des Enfers, les spectres le plus puissants de l'armée d'Hadès. Une femme ose venir jusqu'ici ?

 Elle défia du regard l'homme aux yeux dorés.

— Oui elle ose. Dites-moi où est ma fille !

— Aux Enfers. Vous l'avez dit vous même. 

— Et comment s'y rend-on ? 

— Comme ceci, lui dit-il en lui saisissant le bras.

Il la balança par-dessus le bord de la falaise. Cela provoque une certaine stupeur parmi les chevaliers de bronze. Rhadamanthe pensait en être débarrassé. Néanmoins elle se servit de sa liane pour agripper la paroi rocheuse et la remonter en silence. Les trois chevaliers d'or ordonnèrent aux autres de s'éloigner. C'était leur combat ! Les jeunes et Erika se dirigèrent vers le château. Hildarel arriva au bord, elle voyait le juge de dos et les chevaliers d'or de face. Mais leur attention indiqua à Rhadamanthe qu'il se passait quelque chose derrière lui. Il se tourna et vit l'elfe qui fit un saut pour lui adresser un coup de pied en plein visage. Le casque du juge tomba brusquement au sol, dévoilant sa chevelure blonde. Il la regarda d'une mine sévère. Finalement elle avait plus de ressources qu'il croyait. "Maintenant nous sommes quitte" lui dit-elle d'un air provocateur. C’était la première fois qu’une femme osait l’offenser. Non… Sa fille aussi mais il ne put la corriger car Pandore l’en avait empêché. Mû conseilla vivement à l’elfe de suivre les autres. Hildarel s'avança vers le chevalier et constata qu'il possédait les mêmes marques sur le front que Shion. Elle remarqua ensuite que les trois hommes semblaient épuisés. Elle ouvrit les mains et prononça "Sivanemus seos" (en daianien : soigne-les). Les corps de Mû, Aiolos et Milo s'illuminèrent, leurs blessures furent apaisées.

— J'ignore si cette aide changera grand chose.

— Merci Hildarel, répondit Mû. Maintenant rejoignez les autres. Ils vous conduiront aux Enfers. »

 

L'elfe approuva et s'éloigna sous le regard impassible du juge. Elle n'avait sûrement pas osé se mesurer davantage à lui se disait-il. Dans un sens il pouvait bien le comprendre. Elle avait sûrement dû se rendre compte de sa force lorsqu'il l'avait projetée par-delà la falaise. Aussi cela l'arrangeait de ne pas avoir à s'occuper d'elle pour le moment ; d'abord les chevaliers d'or, ensuite la jolie veuve. Hildarel poursuivait son chemin, sa dague en main car en effet elle avait jaugé la force de ce spectre, bien qu'elle se doutait qu'elle n'était pas au summum. Au bout d'un moment deux hommes lui barrèrent la route. Elle n'hésita pas à user de son arme pour s'en défaire. Son agilité lui donna l'avantage. Néanmoins ils étaient plus faibles que Rhadamanthe. Elle courut en essayant de moins penser au gradé. Elle devait rester concentrer sur son objectif. Le chemin fut long et d'autres spectres lui tombaient dessus au fur et à mesure. L'un d'eux remarqua qu'il s'agissait d'une elfe. Il était seul et avaient les cheveux d'une belle couleur bordeaux. Il ne semblait pas vouloir l'attaquer. "C'est sûrement la mère d'Enliana, se disait Queen. Je comprends d'où lui vient son joli minois". Pour une raison qu'elle ignorait il la laissa passer en lui demandant de poursuivre sa route. Cela l'arrangeait plutôt qu'autre chose. Si tous les spectres pouvaient être comme lui ce serait formidable. Elle finit par arriver dans une salle circulaire, mais le sol se mit à trembler et le château commença à s'effondrer. Les chevaliers traversèrent un couloir qui menait dans les profondeurs. Hildarel les accompagna et ce fut le trou noir.

 

Enliana se réveilla. Elle avait dormi au moins douze heures et cela se ressentait. Minos la tenait toujours dans ses bras. On avait l'impression qu'il voulait l'empêcher de partir. Elle se tourna vers lui et vit qu'il dormait encore. Elle caressa l'épaule du bel homme et celui-ci ouvrit les yeux. Non il ne somnolait même pas, il feintait. Il vit de la douceur dans le regard de la jeune femme. Ressentait-elle finalement quelque chose pour lui ? Il l'ignorait mais il avait envie d'y croire. Ce doux regard n'était pas là sans justification. Il lui embrassa le cou, ce qui la fit frissonner. Il ne devait pas qu'il insiste trop ainsi sinon elle allait vraiment finir par craquer. "Il va falloir qu'on se lève. Les servantes ont sûrement déjà préparé le petit-déjeuner. Viens avec moi. J'aimerais commencer cette journée en ta compagnie. D'abord, direction salle de bain." La jeune femme ne protesta point. Elle marcha sur les pas du juge afin de se faire un brin de toilette avant de passer à table.

 

Minos lui donna les instructions pour la journée. Cependant Enliana aurait voulu voir si sa mère cherchait après elle. Il lui restait si peu d'énergie. Elle ne savait même pas si elle aurait la force nécessaire pour effectuer les tâches qu'il lui avait confiées. "Les autres sont sûrement de retour à présent. Il se leva de sa chaise et s'approcha de la jeune femme. Je dois aller voir Pandore. Tu ne devrais pas avoir le temps de sortir de Tolomea, ajouta-t-il en lui embrassant la joue. Lorsque nous aurons conclu ce soir tu auras plus de liberté, ne t'en fais pas. Je te promets que tu ne voudras personne d'autre que moi dans ta couche. À ce soir mon amour." Elle ne donna aucune réponse. Mais son teint écarlate témoigna d'une grande timidité que le juge trouva assez mignon. Il sortit de Tolomea pendant que les servantes débarrassaient la table.

 

L'elfe se réveilla dans un décor assez particulier, avec un ciel étoilé d'un aspect sanguinaire. Les autres chevaliers avaient disparu. Tant pis, elle devait sûrement se trouver aux Enfers. Elle se releva soudainement.

 

« Tu t'éveilles enfin.

Cette voix, elle l’avait déjà entendu récemment. Elle se tourna vers l'homme, la dague toujours en main. C'était le spectre aux yeux dorés de tout à l'heure. 

— Vous n'en avez pas profité pour me tuer ? Étonnant de la part d'un assassin.

— Je n'aurais aucune gloire à t'achever ainsi.

— Où sont les autres chevaliers ?

— Tu t'inquiètes de leur sort ? Ils reposent au Cocyte, la dernière prison. Quant aux autres vermines, sûrement quelque part dans notre royaume. (Il s'approcha dangereusement d'elle.) Bravo tu es arrivée aux Enfers d'Hadès. Tu n'as plus qu'à rejoindre Tolomea et retrouver ta fille.

Elle lui mit la lame sous la gorge. 

— Tu vas vraiment m'égorger ?

— Reculez si vous ne voulez pas que je vous perce la peau !

— Une petite piqûre ? Je ne vais pas reculer pour si peu. Te ferais-je peur ?

— Les elfes n'ont pas peur !

— Je ne t'en voudrais pas, lui fit-il en lui souriant, c'est tout à fait normal. 

— Je vous dis que je n'ai pas peur !

— Bien sûr que si. (Il saisit son bras, l'éloigna et la mit vite à terre. Il se positionna sur elle afin de la maintenir. De toute évidence il était bien plus fort qu'elle. Pourtant c'est un humain, ils n'ont jamais surpassé les elfes ! Comment est-ce possible ?) Tu as très peur pour ta fille. Je vais te proposer un marché. Certains de mes spectres n'ont pas été tués par des chevaliers. Leurs corps étaient gris, ça vient de toi ? (L'elfe ne répondit pas alors qu'il fixait ses lèvres.) Je prends ce silence pour un oui. Je te laisse partir et en échange tu laisses mes spectres tranquilles. Si tu respectes ça, je ne te ferai aucun mal. On fait comme ça ?

— Ça serait plus simple pour vous de m'achever. 

— Mais vous tenez tous à mourir ou quoi ? C'est une chance que je t'accorde, saisis-la.

— Pourquoi ? Quel est l'intérêt pour vous de me laisser poursuivre mon chemin ? Si vos spectres m’attaquent je n'aurais pas d'autres choix que de me défendre.

— J'espère que ça n'arrivera pas. Je suis curieux de voir jusqu'où une elfe peut aller pour retrouver sa fille.

— Vous le savez déjà.

— Ne perds pas plus de temps. Impressionne-moi. (Il s'écarta afin qu'elle puisse se relever. Elle ramassa son arme.) Au fait dis-moi pourquoi les cadavres sont devenus gris.

— C'est à cause de la dague. Son poison pénètre dans le corps et ôte la vie. La moindre coupure aura raison de l’adversaire.

— Je l'ai échappé belle alors, se moqua-t-il.

— Vous n'avez pas idée.

— C'est qu'elle ferait presque peur. Fais attention à toi. Je ne suis pas le seul spectre puissant ici. D'autres sont redoutables par rapport à ceux que tu as tué, même si ce sont des subordonnés. Quand tu auras trouvé ta fille, va à la rencontre de Kanon avant que je le tue. Il pourra sûrement vous emmener dans un lieu sûr pour vous deux.

— Pourquoi voulez-vous le tuer ?

— C’est mon ennemi. Si je ne le fais pas, c’est lui qui me tuera.

— Nous sommes dans un monde bien étrange. On n’est pas ami non plus et pourtant vous me laissez la vie sauve. C’est à ne rien y comprendre.

— Je ne te demande pas de comprendre ! Va-t’en ! Avant que je ne change d’avis !

Le juge avait prononcé ces mots avec une telle fureur. Mais l’elfe ne laissa rien paraître.

— Merci Rhadamanthe. »

 

Le juge fut étonné qu’elle se souvienne de son nom, encore plus de l’entendre le remercier. La jeune femme fit demi-tour et continua sa route sans se retourner. Le juge lui avait accordé une énorme faveur, mais dans quel but ? Au bout d’un moment elle s’arrêta de façon abrupte. Elle était trop préoccupée par sa fille pour s'en apercevoir. Faut dire, elle ne comptait pas vraiment user de ses charmes dans ce voyage. Est-il qu’il l’ait épargné pour un simple coup de foudre ? Il n’espère tout de même pas qu’elle reste avec lui ? Il n’en était pas question ! Une elfe ne peut vivre ici sinon elle mourra. Elle espérait tellement se tromper cette fois. Elle n’avait pas l’intention de jouer avec son cœur. Non il devait certainement y avoir une raison qui lui échappe. L’elfe reprit la route en essayant de ne plus penser au juge.

 

* Voir la fanfiction intitulée « La sentinelle de Laethion »

Date de dernière mise à jour : 2020-08-19

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