Chapitre 5 - Le Mont Fuji

Cats 8

Le lendemain, Erika se réveilla doucement. Elle se redressa sur la banquette en baillant. Elle regarda autour d’elle ; sur la table basse située à côté d’elle il y avait un petit plateau avec son petit déjeuner. Elle trouvait que le service était rapide dans ce temple. Il y avait même quelques petites fleurs des montagnes. Elle avait trouvé cela mignon. Soudain elle vit une silhouette apparaître devant elle.

« Vous êtes enfin réveillée, constata le maître.

— Il est si tard ? Il ne fallait pas hésiter à me réveiller. Je ne voudrais pas vous retarder.

— Ne t’inquiète pas. J’ai ainsi pu prier pour toi le temps que tu dormais. Kiki vient tout juste de se lever. La matinée vient de commencer. Je t’ai mis de quoi déjeuner.

— Merci, fit-elle en s’asseyant correctement. « Prier pour moi » mais pourquoi ?

— Pour que les choses se passent en ta faveur.

Mû vit un soupçon de reconnaissance dans le regard de son invitée, même si elle n’osa dire quoi que ce soit. Elle observa ce qu’il y avait sur le plateau : un bol avec un liquide crémeux et une galette assez grosse. Qu’est-ce que c’est ?

— Du thé au beurre et une galette de pain, petit-déjeuner tibétain.

Elle prit le plateau sur ses jambes et commença à manger. Mais la présence de Mû la mettait mal à l’aise. Elle n’aimait pas qu’on l’observe pendant son repas. D’ailleurs autrefois quand elle mangeait dans les tavernes avec des collègues, elle se mettait toujours dos aux gens. Même si elle ne voyait qu’un mur de briques, elle s’en fichait du moment qu’on la laissait tranquille. Il s’assit à côté d’elle alors que Kiki arrivait de bonne humeur.

— Ah ! Tu es réveillé !

— Bonjour Kiki, répondit-elle d’un air grave.

— Qu’est-ce qu’il y a ? T’en fais une tête.

— Rien. Je finis vite de manger et on pourra y aller. (Soudain elle sentit les mains du maître lui effleurer le dos. Elle eut un sursaut.) Qu’est-ce que vous faites ?! fit-elle en s’écartant.

— Je voulais simplement te masser les épaules. Malgré la nuit et le repos tu es encore très tendue.

Elle afficha un air grave.

— Ça n’a pas d’importance.

Elle fixa le plateau pour ne pas avoir à affronter le regard éventuellement déçu de Mû. Kiki trouvait le comportement d’Erika plutôt étrange. Puis une idée lui vint à l’esprit.

— Il ne cherche pas à te séduire Erika, ne t’inquiète pas. Mon maître n’a pas les mains baladeuses.

Le tibétain fut un peu confus. Il ne pensait pas que son geste aurait été vu de cette manière car il ne songeait pas à mal.

— C’est vraiment ce que tu as cru ?

La demoiselle n’osa pas répondre mais en effet, elle y avait cru. Toutefois si Mû avait voulu tenter quoi que ce soit de sournois, il ne l’aurait pas fait en présence de Kiki. À cette pensée, elle se rendit compte que sa réaction était ridicule.

— Excusez-moi, je suis navrée.

— Après l’entraînement on a pour coutume de masser les adversaires. C’est important pour l’équilibre physique et mental. Tu ne veux vraiment pas que je te masse ?

Elle resta inerte, incapable d’apporter une réponse à sa question. Non, elle n’avait pas envie d’être massée. Elle ne voulait pas perdre plus de temps.

— Il faut que je retrouve Ugul au plus vite, se contenta-t-elle de dire. Je termine de déjeuner et on y va.

— Je ne te laisserai pas partir avec un corps aussi tendu. S’il te plaît, laisse-moi m’occuper de toi.

— Shiryû a plus besoin de soin que moi.

— Ne t’inquiète pas pour lui, fit Kiki, on s’en occupe aussi. Mon maître a raison, tu es tendue comme un élastique prêt à éclater. Je retourne voir Shiryû ; je vous laisse. »

Le petit garçon se téléporta alors qu’Erika venait de finir de manger. Mû se mit sur le bord de la banquette et lui demanda de s’allonger sur le ventre. La couleur pourpre des joues de la jeune femme témoignait de son malaise. Mais elle ne voulait pas offenser davantage son hôte. Elle posa le plateau sur la table et s’allongea. Elle tourna sa tête sur sa gauche et la posa sur ses mains. Mû put commencer à œuvrer. Il aurait préféré lui faire un massage aux huiles pour une meilleure efficacité mais selon lui elle n’aurait pas du tout accepté. Elle était suffisamment gênée comme cela. Il lui massa les épaules, la nuque, les bras, le dos et les jambes pendant un bon moment. La demoiselle s’était à moitié assoupie en savourant les gestes du tibétain. Son corps se détendit au fur et à mesure, les nœuds disparurent. Tout compte fait, Erika aurait bien voulu que ce moment ne se termine jamais tant elle se sentait bien. Elle avait dû mettre ses cheveux sur le côté pour qu’il puisse lui masser la nuque. C’est ainsi que Mû découvrit sa cicatrice. Mais il n’osa pas lui poser de questions à ce sujet pour le moment.

« Tu ne te sens pas mieux maintenant ?

— Honnêtement ? Je vais m’endormir. Après je vais m’étirer, je me sens toute mollassonne.

— Non, il ne faut pas étirer tout de suite, sinon ce que je te fais ne servira à rien.

— Mais je n’aime pas me sentir mollassonne.

— Je comprends pourquoi ton corps était aussi tendu. Cela fait combien de temps que tu combats ?

— Depuis tellement longtemps.

— Plusieurs années ?

— Plusieurs siècles.

Mû fut surpris par cette réponse. Et la demoiselle s’en était doutée puisqu’il s’est arrêté de masser à cet instant.

— Comment est-ce possible ?

— La magie de Ciryë nous préserve du temps.

— Nous ?

Erika se releva et s’assit correctement.

— Oui, nous les sentinelles et les gardiens de Laethion. Mais sa magie a des limites ; c’est pourquoi Seleath désigne des successeurs pour protéger nos terres. Ça va faire plus de mille six cents ans que je combats.

Le maître fut stupéfait en apprenant cela. Même Dohko n’était pas aussi vieux. Et pourtant elle avait l’apparence d’une jeune femme. Quels esprits pouvaient donc bien avoir de tels pouvoirs ?

— J’ai remarqué une cicatrice sur ta nuque.

— La griffe du dragon Lizarkfaad, le dragon de Braladionne Loror, gardienne de Laethion. J’ai cette cicatrice depuis la Grande Bataille. Un petit accident bête, rien de grave.

— Mais si le dragon t’avait tranché le cou, c’en était fini de toi.

— Ça n’a pas été le cas. J’ai eu de la chance. Je vais rejoindre Kiki. Merci pour le massage. Il nous faut partir au plus vite, je ne peux attendre plus longtemps. Puis-je emprunter votre salle d’eau avant de partir ?

— Oui bien sûr. J’avais déjà préparé l’eau à cet effet.

— Vous êtes bien aimable. »

Erika se leva et lévita jusqu’à la salle d’eau. Elle vit la vasque remplit, une serviette, des gants de toilette et une savonnette. Ses vêtements avaient été mis à disposition sur un meuble juste à côté. Elle se tint devant le miroir mural tout en se déshabillant, prit le nécessaire et se lava totalement. Ensuite elle revêtit ses propres vêtements et retourna à la salle d’armes. Elle enfila sa cotte de maille puis son armure et reprit son épée. Elle rejoignit Kiki dans la pièce où était alité Shiryû.

« Je suis prête à partir, fit-elle, je t’attends Kiki.

— L’armure est dans l’atelier, répondit-il.

— Alors hâtons-nous. Kiki se téléporta, suivi par Mû, tandis qu’Erika lévitait jusqu’au rez-de-chaussée. Le petit garçon prit le coffre de l’armure de Pégase et la mit sur son dos. Tu veux que je la porte Kiki ? Ça m’a l’air bien lourd, tu vas esquinter ton dos.

— Non. Cette tâche m’est attribuée alors je me dois de la porter.

— Comme tu veux. (Elle regarda son maître.) Merci pour votre accueil. Il faudra que je vous invite un jour à la maison.

— Je viendrais avec plaisir. Mais je croyais que personne ne devait passer votre porte.

— Vous n’êtes pas un ennemi de Laethion. Et j’ai encore le droit d’inviter qui je veux dans ma maison tant que ce n’est pas une personne néfaste pour nos terres. (Il lui lança un regard à la fois neutre et doux, c’était difficile à distinguer.) Au revoir Mû.

— À bientôt Erika. »

Kiki disparut avec la demoiselle. Ils réapparurent quelques temps plus tard dans la vallée de la mort, au Japon. Il partit dans une direction sans perdre de temps tout en se téléportant. « Attends-moi ! » lui cria la jeune femme. Elle lévita pour pouvoir le suivre plus facilement dans ses terres hostiles. Néanmoins il y avait toujours une distance qui la séparait du petit garçon. Aussi, plus elle avançait et plus une odeur nauséabonde envahissait ses narines. C’était désagréable ! Au bout d’un moment, elle vit un jeune homme en armure rouge et blanche en train de malmener le petit. Erika fonça sur lui telle une fusée. Le choc fut assez percutant, Kiki vola un peu sur le côté.

« Kiki, est-ce que ça va ?

Le garçon était un peu sonné. L’homme se releva vite fait.

— Qui es-tu ?! Espèce d’enfoiré ! De quoi tu te mêles !

— Je suis le chevalier Hope et je ne laisserai personne s’en prendre à Kiki !

— Ne t’en fais pas Erika, c’est Seiya, chevalier de Pégase. C’est pour lui que j’ai amené l’armure.

— Oh ! Alors pourquoi te malmenait-il ?

— J’étais en train de lui expliquer que Shiryû avait dû sacrifier sa vie pour réparer son armure. Seulement il s’est un peu emporté.

— Excuse-moi. Je m’inquiète beaucoup pour lui. (Il sortit une clochette de sa poche.) S’il revient, donne-lui ça s’il te plaît.

Seiya reprit les bras de l’armure d’or puis il s’éloigna.

— Attendez, je viens avec vous, dit la jeune femme.

— Comme tu veux Éric, répondit Seiya en continuant sa route, mais c’est un coin dangereux.

— Pensez-vous réellement m’effrayer comme ça ? Pourquoi êtes-vous dans cette vallée hostile ?

— Je dois trouver Ikki du Phoenix pour lui reprendre les pièces de l’armure d’or. Cet ingrat voulait la voler pour dominer le monde. Et toi ?

— Je cherche un esprit démoniaque. Il tente de posséder un corps malfaisant. Peut-être qu’en marchant à vos côtés, je finirais par le trouver.

— Je te le souhaite. Je ne voudrais pas être à sa place à ce moment-là. Je ne t’ai pas vu arriver. Malgré ta fine carrure, tu fais plutôt mal.

— Pardonnez ma méprise. D’aussi loin, j’ai vraiment cru que vous agressiez Kiki. Ma finesse me permet d’avoir une forme aérodynamique. Lorsque je lévite, je fends l’air telle une flèche, surtout si je suis en colère. »

Les deux combattants s’enfoncèrent de plus en plus dans la vallée, à la recherche de leurs ennemis. Au bout d’un moment, ils entendirent un rire derrière eux. Ils se tournèrent et Erika fut surprise. L’ennemi était la copie conforme de celui qui se tenait près d’elle. « Je suis Pégase noir » leur fit-il. Ce dernier provoqua Seiya en disant qu’il avait peur de venir l’affronter. Seiya l’interrogea mais Pégase noir l’attaqua. Toutefois il ne put atteindre son adversaire car il était protégé par un bouclier magnétique.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ?! s’énerva Pégase noir.

— Vous pensiez sincèrement que j’allais rester à ne rien faire ? rétorqua Erika.

— Ne te mêle pas de ça, chevalier ! D’ailleurs je ne t’ai pas vu près du manoir des Kido. T’es qui toi ?!

— Chevalier Hope ! On dit qu’un dénommé Ikki cherche à dominer le monde. Dans ce cas, j’irai à sa rencontre. Où est-il ?

— Je ne te le dirai pas !

— Il est au rocher du lion, répondit Seiya. Ne cherche pas à me protéger, je peux me battre. Moi aussi je suis un chevalier. Éric, trouve les autres et vois s’ils sont en difficulté.

— Entendu. Mais je m’appelle Erika et non Éric.

— Ah ? Tu es une femme ? (Il leva les sourcils) Ah ! C’est pour ça que ton casque dissimule autant ton visage. Je comprends mieux. Ne perds pas ton casque surtout.

— Si je le perds, tant pis. »

Erika s’éloigna de Seiya afin qu’il puisse mener son combat sans avoir à se préoccuper d’elle. Au terme du combat, Pégase remporta la victoire, toutefois il fut touché par l’attaque de son adversaire : la mort noire. Il continua son chemin mais il finit par avoir la sensation de brûler de l’intérieur. La chaleur était insoutenable, il enleva son armure et vit que des tâches noires apparaissaient sur son corps. Désorienté par son état maladif, il finit par tomber en contrebas entrainant avec lui les pièces de l’armure d’or. Pendant ce temps, Hyoga achevait un combat qu’il avait entamé contre le Cygne noir près du manoir Kido. Combat qu’il remporta sans mal ; toutefois Cygne noir aurait envoyé des informations à Ikki grâce à une partie de son casque. Hyoga partit à la recherche du Phoenix tandis que Seiya peinait à remonter la paroi rocheuse. Plus tard, Shun passa au même endroit que Pégase et vit l’armure de ce dernier sur le sol. Surpris il accourut et chercha après son porteur. Il le trouva grâce au son de la clochette qu’il lui avait précédemment donné. Il remarqua que sa peau était noire. « Seiya, est-ce que ça va ?! Seiya ! » L’écho avertit Erika qu’il y avait un problème. En effet elle n’était pas si loin. Le chevalier Hope chercha à rejoindre les autres combattants. Le pauvre Pégase était à bout de force. Avec ses chaînes, Andromède tenta d’hisser son ami. « Attends Seiya ! Je vais t’aider à remonter ! » La voix de Shun guida Erika jusqu’à eux. Mais elle avait encore du chemin à faire et parfois l’écho la trompait. Toutefois le jeune chevalier fut attaqué dans le dos par Andromède noir. Ses chaînes sombres le bloquèrent totalement. Il lui expliqua aussitôt que son ami était à l’article de la mort et qu’il était donc inutile de le secourir. Ceci perturba Shun. Le chevalier noir le malmena sadiquement mais ce dernier refusait de laisser tomber Seiya. Erika arriva à cet instant, frappant Andromède noir au ventre. Celui-ci était plié en deux mais il n’avait pas relâché ses chaînes.

« T’es qui toi ?! fit-il furieusement.

— Vous allez tous me poser la même question ? (Elle sortit son épée de son fourreau.) Ce jeune homme est occupé, Chevalier. Battez-vous contre un adversaire disponible au lieu d’agir comme un lâche !

— Tu oses me défier ?!

— Et pas qu’un peu ! Je n’ai pas peur d’hommes comme vous !

— Espèce d’avorton ! Toi-même tu profites que je sois occupé et tu me traites de lâche ?!

— Comme vous le voyez je n’attaque pas, j’attends que vous soyez prêt à vous défendre ! »

Néanmoins un autre chevalier noir s’interposa entre son collègue et le chevalier Hope. Il bondit depuis un niveau supérieur et la défit en un coup de pied à la tête. Surprise, Erika fut sonnée et elle chuta dans le gouffre. Ce fut à ce moment-là qu’elle perdit son casque, en tombant sur une plateforme un peu plus bas. Dragon noir suggéra à Andromède noir de tuer Shun tout de suite. C’est ce qu’il comtait faire mais l’attaque surprise d’Erika l’avait déstabilisé. Elle lévita et offrit un coup de pied spectaculaire au Dragon noir, histoire de lui rendre la pareille. « Vous avez cru pouvoir vous débarrasser de moi aussi facilement ! C’est mal me connaître, jeune homme ! » Les chaînes d’Andromède noir se changèrent en serpents. Shun cria à cause des morsures, ce qui déconcentra Erika. Elle projeta des projectiles magnétiques (comme son bouclier) sur les serpents. Cela avait affaibli l’attaque mais pas suffisamment. Erika fut mise à terre par le Dragon noir. Elle était au sol sur le dos, il lui bloqua les bras et les jambes. « Dragon noir, tu t’es fais une petite amie ? Embrasse-là. » se moqua Andromède noir. « Toi la ferme ! » répondit-elle. « Mais c’est qu’elle a du caractère la demoiselle » ajouta Dragon noir. Soudain elle entendit une chaîne se briser et Shun qui hurlait le nom de son ami. Erika lança Dragon noir sur le côté, elle se releva, courut et plongea tête la première dans le vide. Seiya était en chute libre. « Quelle idiote, elle n’en reviendra jamais » affirma Andromède noir. Erika vola le plus vite possible afin de rattraper Seiya. Elle s’en approcha de plus en plus et l’agrippa, ralentissant péniblement sa chute. Puis elle le remonta doucement ; son poids n’était pas vraiment une aide pour elle et les lois de la gravité n’étaient pas de son côté. Andromède noir somma au jeune garçon d’arrêter de pleurnicher mais ce dernier s’énerva et intensifia son cosmos. Cela lui permit de se libérer des chaînes sombres. Shun lança ensuite son Nebula Chain qui eut raison de son adversaire sans la moindre difficulté.

Date de dernière mise à jour : 2021-01-26

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